Radioprotection sujets à haute fréquence
La radioprotection de l’équipe dentaire et des patients impose de grandes responsabilités au chirurgien-dentiste. Rester informé des obligations fait partie de l’exercice de la profession. Des méthodes et astuces permettent de répondre aux enjeux de la « petite entreprise » qu’est le cabinet dentaire.
Un responsable
mais plusieurs acteurs
Le chirurgien-dentiste est le plus souvent l’employeur au sein de son cabinet dentaire, il a donc plusieurs « casquettes ».
De docteur en chirurgie, il est aussi patron d’une entreprise de santé et responsable d’une équipe. Il est donc le responsable de tout ce qui a trait à la radioprotection, même s’il peut déléguer certaines missions.
• Le chirurgien-dentiste a le devoir de désigner un conseiller en radioprotection (CRP) pour sa structure. Ce dernier pourra l’aider à déclarer ses générateurs de rayons X auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
• Le conseiller en radioprotection (CRP) fait partie d’un organisme compétent en radioprotection (OCR). Il gère la radioprotection sous la responsabilité du chirurgien-dentiste. Il est important de s’en remettre à une personne bien informée des dernières évolutions réglementaires, car le chirurgien-dentiste reste le seul responsable des décisions prises.
• Un.e assistant.e dentaire peut être désigné.e « salarié compétent » par l’employeur depuis 2012, pour la gestion de la santé et de la sécurité au travail.
• Les futur.e.s assistant.e.s dentaires de niveau 2 pourront réaliser des radiographies intrabuccales et panoramiques, ce que ne peuvent pas faire les assistantes dentaires actuellement.
La radioprotection
Le fait de posséder et utiliser du matériel de radiologie soumet le chirurgien-dentiste à des impératifs.
• Les générateurs de rayons X doivent répondre à des exigences quant à leur conception (marquage CE) et leur installation, laquelle doit se conformer aux règles techniques minimales de conception des locaux dictées par l’ASN. Une vérification initiale par un organisme accrédité est l’une des contraintes qui incombe au chirurgien-dentiste. Ce contrôle permet de s’assurer d’une installation et d’un usage en toute sécurité, avec le bon fonctionnement des dispositifs de protection (fonctionnement général des appareils et des systèmes d’arrêt d’urgence). Le bon fonctionnement de l’installation est ensuite vérifié périodiquement par le conseiller en radioprotection (CRP). Le délai entre deux vérifications ne peut excéder un an.
• Le dosimètre porté par les travailleurs classés est à renouveler tous les trimestres et fourni par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ou tout autre organisme agréé qui enregistre les résultats dans le Système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (SISERI). La souscription à un abonnement est nécessaire pour recevoir et envoyer des dosimètres personnels et d’ambiance.
• La délimitation de la zone ou des zones où les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des doses supérieures à 1 mSv/an doivent être signalées. Il en est de même pour le générateur, sur lequel un triangle jaune doit être apposé. Concrètement, les chirurgiens-dentistes et assistantes sont en catégorie B (dose < 6 mSv sur douze mois consécutifs) ou non classés. Le classement est proposé à l’employeur par le CRP.
• Les contrôles de qualité et l’assurance de la qualité en imagerie sont destinés à garantir que le matériel et les procédures utilisés pour réaliser les clichés sont de bonne qualité et le restent au cours du temps. Ces exigences, faciles à respecter, sont proportionnelles au niveau de risque très bas des générateurs utilisés en cabinet dentaire.
• Les niveaux de référence diagnostiques (NRD) constituent un outil pour l’optimisation de l’exposition des patients. Un seul NRD est fixé pour les panoramiques. Sa valeur est mesurée lors du contrôle de qualité quinquennal. Elle est à communiquer à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans l’année qui suit le contrôle.
La vérification
des générateurs de rayons
ou le renouvellement
du dosimètre fait partie
des impératifs qui incombent
au chirurgien-dentiste.
Formation requise
Les personnes autorisées à réaliser des radios doivent avoir suivi les formations obligatoires. La réglementation en relation avec la radioprotection des travailleurs comporte une partie d’évaluation des risques à intégrer au document unique (DU).
Le Document Unique (DUERP),
un document indispensable
Le document unique d’évaluation des risques professionnels, DU ou DUERP, n’a pas d’exigence sur la forme, en revanche, il est obligatoire, quelle que soit la taille du cabinet, et doit être accessible à tous, que le support soit papier ou numérique. Le DU recense les risques spécifiques à chaque poste de travail et les mesures prises pour les corriger ou les prévenir. Bien que l'employeur soit chargé de l'initier, les salariés peuvent participer à son élaboration sous sa supervision. Il doit être mis à jour en cas de changements importants affectant la santé, la sécurité, ou les conditions de travail, tels que des aménagements majeurs ou de nouvelles informations relatives à l'évaluation des risques. Cela peut inclure des découvertes scientifiques récentes, des accidents de travail liés à la profession, ou des modifications dans les réglementations liées à la santé, la sécurité, et aux conditions de travail, comme l'augmentation des troubles musculo-squelettiques ou l'émergence de risques psychosociaux. Il est donc important de se tenir informé des évolutions. En cas d’inspection, l'inspecteur du travail ou de la radioprotection exigera en premier lieu le DU.
Documents de référence
L’ADF met à votre disposition des dossiers complets permettant d’appliquer les règles en vigueur sans surdimensionner les protections. « Assurance de la qualité en imagerie médicale mettant en œuvre des rayonnements ionisants – Radiologie dentaire » et « Installations de générateurs de rayonnements ionisants en cabinet dentaire – Validation par une méthode simplifiée » sont deux ouvrages à retrouver dans les publications de l’ADF.