Et si nous parlions du "syndrome du hamster" ?
Je peux vous l’avouer :
le destin du hamster ne m’attire pas.
Tourner sans cesse dans une roue sans jamais avancer est une perspective qui m’effraie. Elle est ennuyeuse et dangereuse. Pourtant, lorsque je parle avec certains de nos confrères et consœurs, je me rends compte que nous pourrions toutes et tous vivre comme ces petits rongeurs.
Oui, nous pouvons vite nous épuiser à tourner en rond, nous fatiguer et nous isoler. Sans prendre du recul et à force de vouloir soulager nos patients coute que coute, nous finissons par oublier les douleurs et les maux qui nous guettent.
La préservation de notre santé est une nécessité individuelle mais aussi un bienfait collectif.
Comment pourrions-nous bien soigner, si nous allons mal ?
Nous pouvons vite être confrontés à deux grands risques : physique et mental. Ne négligeons ni l’un, ni l’autre. Sachons les regarder en face.
Près d’un praticien sur deux subit ou a déjà subi l’un d’entre eux.
Notre métier éprouve notre corps.
L’ergonomie de nos postes de travail n’est pas toujours optimale. Nous travaillons sur d’infimes surfaces, parfois pas plus grandes que quelques millimètres. Notre dos, notre nuque, nos bras, nos mains et nos doigts subissent de fortes tensions pour accomplir ce travail de haute précision.
Nous répétons ces gestes et ces tensions. Dès lors, comment peut-on s’étonner de la survenue de ces douleurs ?
Notre mental est lui aussi soumis à de fortes pressions.
Beaucoup de nos patients ne viennent pas par plaisir dans nos cabinets. Certains nous livrent leurs peurs, d’autres leurs angoisses et quelques-uns même leur détestation d’être là, allongés sous la lumière vive de nos éclairages. Soigner une personne qui sursaute à la moindre intervention ou bien capter l’attention et soigner un enfant nous épuise nerveusement. À cela s’ajoutent l’isolement inhérent à l’exercice de notre métier sans oublier les pressions croissantes d'ordre administratives, économiques et financières. Tous ces facteurs participent à notre épuisement émotionnel.
Si toutes ces situations nous sont familières, il n’en demeure pas moins vrai que la santé des praticiens est mal prise en compte. Mal prise en compte par nous-mêmes, par la société mais aussi par nos patients qui peuvent nous reprocher un jour de repos ou quelques semaines de vacances.
Pourquoi devrions-nous être une
profession interdite de break ?
Nous devons savoir accepter notre fatigue, notre besoin de repos et notre nécessité de pouvoir couper avec l’exercice de notre profession.
Nous devons savoir nous décentrer de notre métier au quotidien. La famille, les amis, le sport, les loisirs, les activités culturelles, les voyages, sont autant d’occasions pour soulager nos corps et nos esprits. J’ose même inclure notre congrès de l’ADF comme véritable parenthèse amicale et professionnelle essentielle pour beaucoup d’entre nous, ambitionnant de vous apporter un regard nouveau sur notre beau métier…