Le niveau 2, projet en cours...
Initiée en 2018, la création du titre d’assistante dentaire de niveau 2 "touche à son but”. Marie-Christine Tourterel, chirurgien-dentiste en Seine et Marne, et vice-présidente de la CPNEFP (Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle) de la branche des cabinets dentaires libéraux, nous explique les avancées majeures de ce dossier.
L’article 4 de la proposition de loi portant sur l’amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, votée à l’Assemblée nationale le 19 janvier 2023 et adoptée par le Sénat le mois suivant, ouvre enfin la porte à la création du statut d’assistant dentaire de niveau 2. Les référentiels du métier sont en cours d’écriture.
Quel est le calendrier réaliste pour voir la première assistante dentaire de niveau 2 diplômée et prête à travailler dans un cabinet dentaire ?
Marie-Christine Tourterel : Les textes de la proposition de loi portée par Stéphanie Rist du groupe Renaissance pour créer la profession d’« assistant dentaire de niveau 2 » ont été adoptés au Sénat le 15 février 2023. Il reste un travail de rédaction des décrets d’application pour dresser le cadre, soit les référentiels du métier. Ce travail conjoint entre le ministère de la Santé, les représentants de la profession (syndicats, ONCD) durera jusqu’à fin 2025. Ainsi, les premiers/premières diplômé(e)s AD2 pourraient débuter leur formation de deux ans (Bac+2), au mieux, en 2026. Il faut comprendre que, pour des raisons techniques et de vocabulaire, la transposition des référentiels pour l’assistant(e) dentaire de niveau 1 au sein du Code de la santé a pris deux ans pour être mis en place alors qu’ils étaient déjà rédigés au sein de la branche. Ceux de l’assistant(e) dentaire de niveau 2 sont à construire donc cela met, de fait, un peu plus de temps. Enfin, il faut aussi compter le temps de formation au sein des organismes compétents et dans les cabinets dentaires. La patience est donc toujours de mise.
Comment s'articulera cette nouvelle profession au sein de l'équipe dentaire ?
M-CT : Elle devra travailler obligatoirement sous le contrôle et la responsabilité d’un praticien et donc de fait dans le cabinet dentaire. Il lui faudra un fauteuil dédié puisqu’elle réalisera du travail en bouche elle aura donc des tâches ou une activité complètement différentes que leurs homologues de "niveau I". Il y aura l’assistante dentaire de niveau 1 et l’assistante dentaire de niveau 2 avec chacune leurs tâches imparties. L’assistante de niveau 2 ne travaillera pas forcément à temps complet mais potentiellement à temps partiel pouvant ainsi exercer dans plusieurs cabinets. Bien sûr dans les cabinets avec plusieurs praticiens, le temps complet pourra être de mise. Le nombre d'AD2 sera néanmoins limité à un AD2 par praticien exerçant afin d’avoir un vrai contrôle effectif. Aussi, les candidat(e)s ne deviendront pas AD2 sans passer par une expérience d’AD1 (3 années). L’assistant dentaire de niveau 2 est une évolution de carrière de l’AD1, avec un salaire lui aussi réévalué.
Quels actes pourraient réaliser l’assistant dentaire de niveau 2 ?
M-CT : Le chirurgien-dentiste pourra déléguer à l’assistant dentaire de niveau 2 certains actes de prophylaxie comme le détartrage, les scellements de sillons, la pose de vernis fluorés sous son contrôle et sa responsabilité, afin de libérer de son temps médical aux autres patients. Entreront aussi dans les missions de ce nouveau métier la participation aux activités de prévention et d’éducation pour la santé bucco-dentaire, ainsi que la contribution aux actes d’imagerie à visée diagnostique, aux actes orthodontiques et aux soins post-chirurgicaux.
Existe-t-il des points de blocage à lever pour avancer et finaliser la création de cette profession ?
M-CT : Il n’y a aucun point de blocage au sein de la profession entre les chirurgiens-dentistes et les assistantes dentaires, nous sommes tous unanime pour l’évolution du métier d’assistant dentaire. Au niveau du ministère les blocages sont levés. Reste la lenteur administrative du ministère comme seul frein.
Depuis combien de temps travaillez-vous sur la création du métier d'assistante dentaire de niveau 2 et quelles ont été les étapes ?
M-CT : La CPNEFP travaille sur ce dossier depuis plusieurs années et poursuivra dans la rédaction des référentiels du métier auprès du ministère jusqu’à l’ouverture de la première année de formation, au mieux en 2026. Cette instance paritaire regroupe les syndicats représentatifs des salariés (UNSA, FO, CGT, CFDT, et CFE CGC) et des employeurs (CDF, FSDL et UD). Les assistantes dentaires ayant été inscrites au Code de la santé en 2016, il était nécessaire de continuer de mettre en place des modules de formation complémentaires, de réorganiser la délivrance du titre d’assistante dentaire, notamment par la VAE, mais aussi de travailler sur les possibilités d’évolution du métier d’assistante dentaire. Il fallait combiner le développement du parcours professionnel du salarié tout en répondant aux attentes nouvelles des praticiens. Dès lors, le travail sur le métier d’assistante dentaire de niveau 2 a pu débuter en se questionnant sur les compétences requises, sur l’organisation et sa complémentarité avec l’équipe dentaire déjà en place (le chirurgien-dentiste, l’assistante dentaire de niveau 1, etc.) et sur les modalités de formation.
Aujourd'hui, quels sont les points qui font consensus entre toutes les parties prenantes ?
M-CT : Les points faisant consensus et actés au niveau du CPNEFP concernent la formation et les actes délégués. Il y a encore des débats comme le nombre d’heures précis mais nous avons une fourchette entre 600 et 800 heures à l’instar de ce qui se fait chez nos homologues européens. Les modalités aussi restent à prévoir comme le nombre de jours par semaine de formation pour ne pas pénaliser les employeurs. Tout ceci sera précisé lors de la rédaction des référentiels avec le ministère. Une chose est sure, nous souhaitons une formation de qualité pour ces futures Assistantes de niveau 2.