

Entretien avec Xavier Struillou, nouveau trésorier général de l'ADF
Publié le 22 avril 2025.
Chirurgien-dentiste avec un exercice exclusif en parodontologie, maître de conférences à l’université de Nantes, ancien président de la Société française de parodontologie et d'implantologie orale (SFPIO) et de la Fédération européenne de parodontologie (EFP), directeur scientifique du congrès ADF 2022… Le Dr Xavier Struillou ajoute une nouvelle ligne à son parcours : Trésorier général de l’ADF. Entretien avec un homme engagé, attaché à l’action plus qu’à la lumière.
Vous êtes élu Trésorier général de l’ADF, un poste aussi stratégique que discret. Quelle a été votre réaction, et qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans cette fonction ?
Je suis flatté d’avoir été élu, excité, honoré. J’ai déjà connu la présidence, à la SFPIO, à l’EFP. Aujourd’hui, j’avais envie de revenir à un rôle de l’ombre, mais utile. J’apprécie la fonction de trésorier, je l’ai déjà exercée à la SFPIO. C’est une vraie responsabilité, jamais une routine.
Vous avez occupé de nombreuses fonctions prestigieuses en France comme à l’international. Qu’est-ce que ce nouveau rôle représente pour vous ?
Je siège au Conseil d’administration de l’ADF depuis 13 ans et au Comité directeur depuis 3 ans. Ma première conférence, je l’ai donnée au Congrès de l’ADF, il y a bien longtemps. C’est une « maison » que je connais et que j’aime profondément. Je connais très bien les enjeux de la formation continue et les acteurs industriels de notre secteur. Aux côtés des Secrétaires généraux, je souhaite dessiner de nouveaux projets ambitieux. La formation continue est l’un des piliers historiques de l’ADF, presque un rôle régalien. Je mettrai toute mon expérience à son service pour que l’ADF reste un acteur majeur de la formation. Aujourd’hui, j’ai envie de m’investir dans des projets collectifs, avec des personnes que j’apprécie, dans un esprit constructif et amical. Je ne recherche ni la lumière, ni le pouvoir. Je suis là pour agir.
Pourquoi avez-vous accepté ce rôle ?
C’est un poste qui peut paraître moins attractif que certains. On m’a même dit : « Tu es courageux, c’est très administratif. » Mais c’est bien plus que ça. C’est un poste politique, au même titre que ceux des Secrétaires généraux. On est un trio. Chacun son rôle, chacun ses responsabilités. Et l’argent, c’est le nerf de la guerre. Une structure sans finances solides s’écroule.
Avez-vous une vision ou un projet spécifique pour ce mandat ?
Avant tout, il s’agit de consolider l’excellent travail de ma prédécesseuse, Sophie Dartevelle, qui a laissé une situation très saine. Il faut maintenir ces résultats mais aussi accompagner notre association dans une dynamique de développement. Mon objectif est d’accompagner la croissance de l’ADF dans un environnement professionnel en mutation et un contexte politique incertain, tout en conservant notre capacité d’adaptation. Face à la concurrence de structures à visée purement commerciale, l’ADF, - qui regroupe les sociétés savantes du monde dentaire -, doit plus que jamais affirmer sa position de référence absolue en matière de formation continue. L’attractivité du Congrès doit être améliorée, par une évolution des expériences proposées aux praticien(ne)s, aux assistant(e)s dentaires, aux conférenciers et aux industriels. Investir dans cette évolution nous permettra de renforcer notre capacité à répondre aux attentes de notre public, et à les anticiper. Cela exige de l’écoute, de la réflexion, de la prospection et de l’action.
Que souhaitez-vous apporter personnellement ?
Une rigueur bienveillante. Une écoute sincère, mais aussi la capacité à trancher quand c’est nécessaire, de guider par l’expérience et le savoir-faire. Un style de gestion clair, proactif, accessible, humain.
Vous avez dit apprécier être dans l’ombre. Pourquoi ?
Parce que l’efficacité passe souvent par la discrétion. Je ne suis pas un « mâle alpha ». Le côté exubérant, très visible, ce n’est pas moi. L’associatif ne doit pas être un champ de bataille. Ce doit être humain, bienveillant, fraternel, collectif. Je m’y suis engagé parce que je crois aux personnes qui y travaillent, comme Doniphan Hammer et Julien Laupie… Sinon, très honnêtement, je ne serais pas là. J’ai déjà un emploi du temps bien rempli entre mon cabinet et l’université.
Ce rôle, c’est donc plus une affaire de confiance que d’ambition ?
Absolument. Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Les choses se sont enchaînées naturellement. Il y a une part de chance dans toute carrière, mais il y a aussi une part de travail qui crée la chance. À la SFPIO, à l’ADF… j’étais candidat quand il le fallait, j’ai travaillé, j’ai avancé. J’ai gravi tous les échelons de l’organigramme. Et une fois un projet terminé, j’ai toujours besoin d’un nouveau. Même si là, clairement, la trésorerie de l’ADF, c’est une autre dimension que ce que j’ai pu gérer ailleurs. C’est un vrai challenge. Ça fait un peu peur, mais c’est stimulant.
Votre rigueur de praticien influence-t-elle votre approche de la gestion financière ?
Pas forcément. La rigueur clinique ne garantit pas la rigueur comptable ! C’est plutôt une question de culture personnelle. Je suis à moitié breton, à moitié originaire de l’Est de la France, avec un fond un peu janséniste. Ça forge un rapport exigeant à la gestion. J’ai été surnommé « Eliot », comme Eliot Ness. Une manière de dire que je ne cédais pas à la pression. Je pense partager avec ma prédécesseuse, Sophie Dartevelle, une même rigueur naturelle, presque génétique.
Vous n’avez jamais envisagé une pause ?
Non ! Impossible. Je suis un homme d’action, un hyperactif. Je travaille énormément, je vois beaucoup de patients, j’enseigne, je m’engage.
Si vous n’aviez pas été chirurgien-dentiste ?
Je serai devenu chirurgien. C’est ce que je voulais au départ. Mais mon frère aîné, qui préparait alors l’internat, m’a convaincu de cocher « dentaire » le jour du choix. J’ai douté au début, les deux premières années, puis j’ai trouvé ma voie avec la parodontologie orale. C’est ce côté médico-chirurgical qui me plaît.
Un conseil à un(e) jeune praticien(ne) ?
S’engager dans la vie associative ! Je peux dire que sans ça, ma carrière n’aurait pas été aussi belle. Il faut savoir donner sans compter. Ce qu’on donne, on le reçoit un jour ou l’autre. Mais il faut donner sans attendre un retour immédiat. Dans les associations, quand tu travailles, les gens le voient, surtout s’ils sont plus anciens. Lorsque j’étais président, je me suis efforcé de créer la génération suivante, de repérer des jeunes capables de reprendre le flambeau. Ce n’est pas un calcul, c’est une envie, une énergie. Et surtout, c’est un formidable moyen de sortir du cabinet, de retrouver des pairs, de construire ensemble. Et ça, c’est inestimable.