La révolution du cabinet dentaire
Au fil du temps, les cabinets dentaires sont passés d'espaces rudimentaires à des environnements cliniques modernes et technologiquement avancés. Ils reflètent les innovations qui ont révolutionné la médecine et font évoluer l’exercice professionnel vers toujours plus de précision, d’hygiène et d’asepsie.
Les cabinets dentaires
voient le jour à la Renaissance
Les premières descriptions de salle de soins remontent à la Rome Antique mais les premiers cabinets dentaires apparaissent réellement à la Renaissance avec l'émergence de la dentisterie en tant que profession à part entière. Ces cabinets sont souvent modestes, et les procédures sont limitées à des extractions et des interventions simples à l’aide d’instruments : clés anglaises, pélicans -ancêtres des daviers-, pinces coupantes…
Vers la sophistication du matériel
et des techniques
Ce n’est qu’au 18e siècle que les cabinets dentaires évoluent avec l’utilisation de fauteuils, d’abord en bois, puis en métal, permettant aux patients de s'asseoir "confortablement" pendant les soins. Le cabinet est alors aménagé comme un petit salon, composé généralement de sièges, de tapis, de meubles, de coussins et de rideaux, décoré de tableaux pour attirer le patient dans l’ "atelier dentaire" avec une hygiène et asepsie timides. C'est à partir du 19e siècle que de réelles avancées dans ce domaine sont effectives. Les cabinets dentaires adoptent des instruments plus spécialisés, disposés à portée de main, et les améliorations dans les techniques d'anesthésie locale permettent des procédures plus complexes. Les cabinets commencent à intégrer des techniques de fabrication de prothèses dentaires et utilisent la radiographie -grâce à la découverte des rayons X en 1895-, laquelle offre des progrès sans précédent. L’évolution du matériel et des techniques améliore ainsi la manière dont les praticiens diagnostiquent, traitent, organisent et contrôlent, en offrant aux patients des soins plus personnalisés, plus efficaces et plus confortables.
En route vers la modernité
électrique
La première moitié du 20e siècle voit une standardisation accrue des cabinets dentaires avec l'introduction de l'éclairage électrique (le scialytique en 1919), des unités dentaires intégrées dans un monobloc réunissant autour d’un axe les équipements de fraisage et les nouveaux instruments rotatifs, les portes instruments dynamiques, les insufflateurs d’air, et les équipements radiographiques. La conception des cabinets évolue elle aussi vers la création d’espaces plus fonctionnels et hygièniques. Les armoires où sont entreposés les instruments sont en métal et montées sur roulettes, entièrement mobiles et facilement nettoyables. Le concept d’ergonomie voit le jour dans la seconde moitié du 20e siècle avec des fauteuils en position horizontale motorisés avec un élévateur à parallélogramme articulé et équipé d’unit. À cette même période, l’arrivée des ultrasons marque une évolution fondamentale dans la technique de détartrage qu’ils perfectionnent. Apparaissent également les premiers générateurs d’air comprimé en odontologie permettant des units dentaires et rotatifs plus performant, adjoints de systèmes d’aspiration plus efficaces. Pour mémoire James B. Morrison met au point en 1871 une foreuse à pédale. La première foreuse électrique est brevetée en 1875 par George F. Green. En 1914, les foreuses dentaires électriques peuvent atteindre des vitesses jusqu'à 3 000 tr/min !!!. C’est en 1957, la mise au point d'une poignée à turbine pneumatique à haute vitesse par John Borden qui a une vitesse de rotation de 300 000 tr/min. Enfin les stérilisateurs, ou autoclaves se perfectionnent, assurant une meilleure hygiène et asepsie.
Quand la chimie s’en mêle
Entre 1950 et 1960, l'avènement de la fluoration et des antibiotiques influence les pratiques préventives et curatives. Les pâtes à empreinte à base de caoutchouc marquent des générations d’adolescents jusqu’au début des années 2000 et sont devenues par la suite plus fiables, stables avec des temps de prise modifiés grâce à des produits de composition différente. Les matériaux d’obturation ont fait l’objet de nombreuses recherches : des plombages aux résines et composites, aux incrustations coulées de type inlay/onlay, à base d’argent ou d’or, ou encore des ciments verres ionomères, ou céramiques. Ces matériaux sont voués à être d’utilisation plus simple pour les soins conservateurs, plus respectueux de la santé globale et de l’esthétique. Les matériaux dentaires, ou biomatériaux, poursuivent leur évolution pour être mieux tolérés par l’organisme et écologiquement plus adéquats.
Les matériaux qui changent la pratique
C’est par l’évolution des matériaux et instruments que la pratique évolue. Prenons deux exemples concrets tels que l’endodontie et l’implantologie. L’avènement de la rotation continue et des instruments en NiTi ont révolutionné cette première discipline, par un gain de temps, d’efficacité, de sureté et de reproductibilité sans parler des localisateurs d’apex et des moyens d’obturations canalaires.
Avant, pour une dent manquante, c’était le bridge et, pour plusieurs une prothèse amovible. Le concept d’ostéointégration avec le titane mis en application par l’implant dentaire a radicalement changé la conception du “ comment je remplace les dents “. Soit unitaire, soit pilier de structure de plus grande étendue, la prothèse implantaire a modifié notre pratique avec un plus grand confort pour le patient et une conservation tissulaire plus important dans de nombreux cas.
La révolution du numérique
Les technologies numériques commencent à faire leur entrée dans les cabinets dentaires entre les années 1980 et 1990, avec l'adoption de la radiographie numérique, de la CAO/ CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur), et des dossiers médicaux électroniques. La radio panoramique permet une vision globale de la denture, tandis que la radio intra-orale numérique offre une imagerie de détail, visualisable en instantané sur écran numérique à partir de 1994.
Le début du 21e siècle est caractérisé par l’informatisation généralisée et une numérisation accrue. L'utilisation de technologies avancées telles que les scanners intra-oraux pour créer des modèles 3D précis de la cavité buccale, permettant des avancées importantes, sans oublier les débuts de la télémédecine dentaire. De plus, la digitalisation des données du patient permet l’envoi rapide à un laboratoire ou à un confrère dans le cadre d’une collaboration entre praticiens.
La technologie révolutionne
la pratique
L'avènement de la technologie numérique dans les cabinets dentaires a permis des avancées sans précédents. Le CBCT (cône beam computer tomography) permet, par exemple, de visualiser avec précision toute la structure dentaire (dents, racines, os, structure orale…) sans passer par le cabinet de radiologie. La caméra intra-orale est devenue aussi bien un outil diagnostique que thérapeutique. Elle offre au praticien un moyen de communication avec son patient pour expliquer une pathologie et les soins adaptés et, par d’autres fonctions, révolutionne la prise des empreintes qui deviennent numériques. La prise en charge du patient et les résultats du traitement s’en trouvent nettement améliorés. Récemment, l’assistance par ordinateur en chirurgie dentaire a vu le jour. La combinaison des scanners intra-oraux et des données CBCT pour élaborer des modèles 3D de la cavité buccale du patient fournissent des informations en temps réel sur la position, l’angle et la profondeur des instruments utilisés lors d’une chirurgie dentaire ou implantaire. L’essor des lasers dentaires n’est pas vain. Les principaux sont le laser à CO2 pour les tissus mous de la bouche avec un faisceau lumineux étroit qui peut couper, vaporiser ou coaguler les tissus, réduisant les douleurs et les complications post-chirurgie. Le laser Er-YAG est destiné à la matière dure des dents, mais aussi aux tissus mous. Pour la thérapie laser à basse intensité, on tend vers une biostimulation avec de faibles densités d'énergie. Ces technologies offrent toutes une approche qui prône des soins dentaires minimalement invasifs, plus qualitatifs et plus esthétiques.
Quand l'intelligence
artificielle s'en mêle
Le 21e siècle est marqué par le développement de l’IA (intelligence artificielle) qui transforme particulièrement le domaine de la radiologie. L’analyse d’images radiographiques par l’IA permet de détecter des anomalies et des signes précoces de maladie. Dans un avenir proche, elle pourra optimiser les plans de traitement, anticiper les éventuelles complications, améliorer la prise de décision du praticien qui aura pour défi de garder toute la responsabilité de son traitement.