À la rencontre de... Marjolaine Gosset, Présidente de l’IFRO À la rencontre de... Marjolaine Gosset, Présidente de l’IFRO

À la rencontre de... Marjolaine Gosset, Présidente de l’IFRO

Publié le 11 juillet 2024.

Portraits de femmes engagées. L’ADF a choisi de mettre en avant les femmes qui s’engagent au quotidien au sein de notre profession. Découvrons leurs parcours, leur histoire, leurs projets.

Présidente scientifique de l’IFRO depuis juin 2023, Marjolaine Gosset est professeure des Universités et praticienne hospitalier en parodontologie à l’Université Paris Descartes. Son engagement dans la stimulation et le rayonnement de la recherche à l’IFRO est à son image, vif et entier. Rencontre.

Comment se porte la recherche et quels sont les axes de la recherche aujourd’hui ?

La recherche se porte très bien en France. Les équipes sont nombreuses dans les différentes structures de recherche : à l’Université, à l’Inserm, au CNRS, en milieu hospitalier... Et le nombre de thématiques est tout aussi vaste sur les biomatériaux en restauration dentaire par exemple, la régénération des tissus osseux et mous, l’usure dentaire, les maladies rares, les maladies parodontales… dont certaines bénéficient de l’enrichissement par l’intelligence artificielle. Certains cliniciens-chercheurs sont intégrés dans des équipes en épidémiologie ou en éducation de la santé par exemple, ce qui assure à l’odontologie la capacité d’assurer la recherche sous tous ses aspects. Et nos métiers faisant appel à une technicité croissante, les relations avec les industries sont importantes et ont repris leur développement après la pandémie de Covid-19. L’IA notamment a une valeur forte en imagerie clinique ou radiographique, ou encore pour l’identification des biomarqueurs, visant à terme à dépister plus efficacement des maladies. Il existe une véritable effervescence sur cet aspect-là.

Comment impulsez-vous les orientations à prendre, dans un sens ou dans un autre, face aux enjeux actuels ?

Le thème de l’appel à projets de cette année 2024 de l’IFRO est "la santé bucco-dentaire", un thème fort, fédérateur, qui porte autant sur les matériaux que sur les outils diagnostics, la clinique… Aujourd’hui la recherche ne se décline plus par organe, elle se décline par grandes thématiques qui correspondent aux enjeux sociétaux des prochaines années. Cette orientation reste dans la lignée de ce qui a déjà été fait par l’IFRO, notamment les Prs Martine Bonnaure-Mallet et Jacques-Olivier Pers. Nous souhaitons aussi donner une couleur particulière à l’appel à Projets (disponible sur le site web de l’IFRO) avec par exemple cette année un intérêt particulier pour la prévention, l’étiologie et l’étude de la pathogénie de la maladie péri-implantaire et de l’érosion dentaire. Quoi qu’il en soit, la recherche est nécessaire pour comprendre, améliorer la prévention et les thérapeutiques au bénéfice des patients.

Les jeunes chirurgiens-dentistes sont-ils investis dans la recherche ?

Je constate malheureusement qu’il y a une déconnexion entre la pratique clinique et la recherche, l’importance de cette dernière me semblant peu perçue ou peu attractive durant les études de nos étudiants en odontologie. Ainsi, depuis l’année dernière, nous travaillons avec l’UNECD à sensibiliser les étudiants en odontologie à la recherche, en valorisant ceux qui en ont l’expérience (stage de Master par exemple) via à un concours national devant un jury conjoint UNECD et IFRO pour faire évoluer la dynamique scientifique. Ce prix de la Semaine scientifique est remis aux trois lauréats à l’issue de la séance IFRO du Congrès de l’ADF. Il faut que les jeunes qui passent par les laboratoires des facultés, pour faire leur thèse par exemple, soient les promoteurs de la recherche. D’autant que les bourses attribuées aux lauréats du prix de l’IFRO leur permettent d’apporter un rayonnement au laboratoire, ce qui est toujours d’un grand intérêt.

Qu’est-ce qui vous a mené à la présidence de l’IFRO ?

Je pense que mon implication constante en recherche hospitalo-universitaire depuis le début de ma carrière est structurante. D’abord au cours de ma formation en chirurgie dentaire et en parodontologie à l’Université Paris Descartes, lors de ma maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales sur le métabolisme osseux dans l’équipe du Pr Saffar, à Montrouge, et lors d’une thèse universitaire en physiologie et physiopathologie à l’Université Pierre et Marie Curie. J’ai ensuite réintégré le laboratoire de Biologie du Pr Catherine Chaussain à Montrouge pour centrer mes thématiques sur l’étude de l’os parodontal/péri implantaire. En 2018 je suis devenue Professeur des Universités-Praticien Hospitalier en parodontologie à l’Université Paris Descartes, et présidente scientifique de la SFPIO. J’ai eu l’opportunité d’intégrer l’IFRO en 2017 comme membre du conseil scientifique, sous les conseils de ma directrice de laboratoire, avant de devenir présidente de l’IFRO en 2023. 

Dans un emploi du temps bien rempli, qu’est-ce qui vous donne la force de votre engagement ?

Le métier de chirurgien-dentiste a cette possibilité intéressante d’être ouvert sur les deux aspects, recherche et clinique, et ce qui me plaît est justement de porter des sujets de recherche qui permettent de modifier les pratiques. J’aime la dynamique scientifique, et j’aime aussi travailler avec des associations de patients atteints de pathologies inflammatoires chroniques pour améliorer leur santé orale. Pour avancer dans une direction, il faut savoir injecter un souffle, une dynamique et guider un groupe en partant sur ce que les individus savent faire pour donner envie d’aller plus loin.

Qu’est ce qui n’a pas été simple dans votre parcours en tant que femme ?

Je vois les choses positivement. En odontologie, le milieu hospitalier est assez féminin et les femmes font particulièrement attention aux femmes, notamment pour qu’elles soient suffisamment représentées. L’Université est également très féminisée, y compris dans la recherche où beaucoup de femmes fortes et reconnues sont passées avant pour ouvrir la voie. Malgré cela, on observe qu’à compétence et parcours égal, le parcours des femmes est plus complexe. Par exemple, alors qu’une femme se posera la question de savoir ce qu’elle va prioriser entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, beaucoup d’hommes ne se la posent pas ou différemment. Si je n’ai pas eu à me poser cette question, c’est parce que je suis épaulée par le père de mes deux enfants et je n’ai pas eu à faire un choix.

Que représente le soutien de l’ADF à l’IFRO ?

L’IFRO bénéficie d’une dotation de l’ADF et d’une forte visibilité sur sa séance durant son Congrès. Cette année, avec l'appui des Secrétaires généraux de l'ADF, elle le sera davantage car la séance est ouverte à tous les congressistes et visiteurs donc, pas seulement aux inscrits au programme scientifique. Cette ouverture offre la possibilité de présenter les travaux de recherche au plus grand nombre. La visibilité est idéale pour formuler les appels à projets avec une haute qualité d’expertise et attirer les sponsors. Le financement des industriels nous permet d’aller toujours plus loin.

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