Top départ de la simulation numérique

Quelle est la genèse du simulateur de prescription virtuelle élaboré par SimforHealth pour l’ADF ?

Jérôme Leleu et Emmanuelle Gouot : Le partenariat s'est formalisé en 2023, mais nous avions eu une première rencontre avec le docteur Julien Laupie en 2020. Bien que des premiers signes d'intérêt pour l'utilisation de la simulation aient été perceptibles, celle-ci n'était pas encore adaptée aux besoins de l’ADF. Un travail a été entrepris pour mieux nous comprendre, poursuivre les échanges et, en 2023, nous avons décidé d'aller plus loin. Souvent, la maturation dans l'innovation est progressive. Le moment où l'on s'engage découle d'une réflexion et d'une veille de plusieurs années, ainsi que d'une volonté commune de collaborer sur un projet. En 2020, l'année où nous avions prévu d'avancer, le Congrès a été annulé en raison du Covid, ce qui a nécessité le report du projet. Cependant, nous avions confirmé notre intention de travailler ensemble. Notre relation de confiance s'est construite, bénéficiant d'une forte approche pédagogique du côté de l’ADF en matière de contenu, ce qui a facilité la projection sur la simulation. Il est intéressant de souligner l'engagement de l’ADF en matière d’innovation et sa vigilance quant aux nouvelles tendances émergentes. 

Comment SimforHealth et l’ADF ont-ils travaillé ensemble à l’élaboration d’un simulateur de prescription médicale ?

J.L. et E.G. : Notre expertise réside dans la création de simulateurs numériques pour la consultation de professionnels de santé. Ces outils visent à établir l'historique médical, le dossier médical, les antécédents et les traitements en cours d'un individu, afin de poser un diagnostic et d'adopter une approche thérapeutique adaptée. Jusqu'à présent, nous n'avions pas eu l'occasion de travailler dans le domaine dentaire. L’ADF nous a fourni les connaissances et les données nécessaires pour élaborer des simulations, notamment des scénarii de cas cliniques comprenant des dossiers patients fictifs inspirés de la réalité du quotidien. Ces éléments nous ont permis de créer des séquences de consultations dans un cabinet dentaire virtuel. Grâce à ces simulateurs, les apprenants peuvent être interrogés sur les attitudes à adopter, les bonnes pratiques et les recommandations concernant des patients virtuels conçus par l’ADF. 

Quel a été le cahier des charges pour élaborer le simulateur de l’ADF ?

J.L. et E.G. : L’ADF souhaitait développer un simulateur sur le sujet de l’antibiorésistance, qui est un réel problème de santé publique, afin de sensibiliser les apprenants à une prescription raisonnée des antibiotiques. Cet outil devait venir en complément des supports déjà développés par l’ADF, tels qu’un serious game, un dossier thématique, un guide de prescription et une affiche destinée aux patients. L’objectif était d’enrichir les ressources pédagogiques déployées par l’ADF. SimforHealth a proposé de simuler une matinée de consultation dans un cabinet dentaire présentant une série de cas de patients virtuels. Ces scénarii placent le chirurgien-dentiste apprenant en situation concrète où il analyse les dossiers médicaux de patients fictifs. Il est également évalué sur les bonnes pratiques de prescription des antibiotiques.  

Quel défi a représenté la création de ce simulateur ?

J.L. et E.G. : Le défi résidait dans l'adaptation à un nouveau domaine thérapeutique, la dentisterie. Cependant, la collaboration avec les équipes de l’ADF s'est avérée remarquablement fluide. Elles se sont fortement investies dans la conception du contenu pédagogique et nous ont parfaitement orientés selon leurs besoins. La création du simulateur de consultation et prescription s'est donc effectuée dans un échange continu et une coordination étroite pour élaborer un contenu spécifiquement adapté à l'odontologie. 

Quel est l’avenir de ce programme de formation sur simulateur et est-il évolutif ?

J.L. et E.G. : Il est plutôt question de développer une collection de simulateurs qui répondrait aux besoins de l’ADF et des utilisateurs de ces outils pédagogiques que de faire évoluer l’existant. Dans un premier temps, il est essentiel de pouvoir vulgariser l’usage des simulateurs pour les intégrer pleinement dans le catalogue de formation. Valoriser cette utilisation constitue un enjeu majeur. Certes, la simulation numérique ne couvre pas tous les besoins, mais son aspect immersif vient compléter le processus de formation. Ainsi, de nombreuses thématiques seront développées dans un second temps. Un second simulateur sur l’antibiorésistance verra le jour début 2024, suivi par deux modules de simulation numérique sur la thématique de la parodontologie. De plus, en cas de nouvelles recommandations sur l’antibiorésistance, une mise à jour du contenu pédagogique du simulateur existant pourrait également être envisagée. Ce nouveau format pédagogique unique et inédit s’inscrira dans les recommandations et règles de la formation continue obligatoire. 

Qu’attendez-vous de votre présence à l’espace simulation du Congrès de l’ADF 2023 ?

J.L. et E.G. : L'objectif est de présenter les simulateurs aux chirurgiens-dentistes afin d'obtenir leur retour sur leur utilisation et sur la thématique de l’antibiorésistance en vue de leur diffusion sur la plateforme de l’ADFDPC-Formation au début de l’année 2024. Le succès de cette première présentation lors du Congrès constitue un tremplin pour développer d'autres simulateurs et enrichir le catalogue de formations avec des contenus spécifiques à l’odontologie. Notre présence est une forme de teasing, un lancement auprès des chirurgiens-dentistes présents sur le Congrès. La simulation numérique faisant désormais partie des fondamentaux de la formation.