Comment éviter le burn-out ?
Comment éviter l’épuisement professionnel, le trop plein, l’isolement, la lassitude, les idées suicidaires ?
La prévention du burn-out est une question des premiers instants en début et tout au long de sa carrière. Apprendre toutes les facettes du métier et mettre en place un bon équilibre entre sa vie professionnelle et privée permettent de s’en prémunir.
Se former à un métier « à risque »
Les métiers de la santé sont des métiers « à risque » d’épuisement professionnel. Les étudiants en odontologie disposent à l’heure actuelle d’une seule heure de cours de sensibilisation à cette problématique, en 6e année. Il s’agit d’une initiation au risque de burn-out, et non d’une formation pour s’en prémunir. L’intégration de la promotion de sa santé et des techniques de réduction du stress dans la formation paraît comme indispensable pour éviter le burn-out. Pour l’heure, la Société de psychologie odontostomatologique et médicale (SPOM) propose aux chirurgiens-dentistes un programme de gestion du stress accessible à tout moment de leur carrière sur son site ifaplus.fr. L'Association SPS (Soins aux professionnels de santé) met également à votre disposition des outils de formation à la gestion et à la prévention du harcèlement et de l'agressivité au travail sur son site asso-sps.fr. La formation continue est le seul moyen d’accéder à des exercices, des études de cas de burn-out et des auto-évaluations permettant d’acquérir une meilleure compréhension de l’épuisement professionnel afin de mieux l’appréhender.
Se former en continu
L’obligation de suivre un programme de Développement professionnel continu (DPC), la possibilité de se rendre à des congrès, participer à des cycles de formation dans des sociétés scientifiques, sont de véritables opportunités pour offrir à l’équipe dentaire un moment privilégié pour améliorer ses connaissances, mais aussi être plus sûr de son geste et en apprendre de nouveaux, ou acquérir de nouvelles méthodes immédiatement applicables au cabinet dans le but de « se faciliter la vie ». C’est l’occasion de lutter contre le sentiment d’être dépassé par les tâches administratives ou les nouvelles technologies. La formation représente aussi un moment de rencontre et de partage oxygénant avec ses pairs et sa profession.
Développer son réseau professionnel
Aborder les difficultés rencontrées par l'échange de méthodes, de conseils entre confrères et consœurs permet d’obtenir du soutien. Il est d'ailleurs recommandé de garder contact avec ses « copains » de promo, de se rendre à des formations et à des congrès, afin d'ouvrir la voie à l’échange et au partage des solutions. Le travail du chirurgien-dentiste et des membres de l’équipe dentaire est souvent très solitaire. Ainsi, développer un réseau avec d’autres praticiens dans des exercices spécifiques (les “correspondants”) permet de demander conseil ou de réorienter un patient pour lequel la prise en charge n’est pas confortable pour soi.
Construire l’organisation de son cabinet dentaire
L’optimisation de la gestion globale du cabinet dans tous les domaines (gestion administrative, management, organisation de l’agenda et de la communication) est la clé d’un travail serein. Le chirurgien-dentiste doit apprendre à devenir un chef d’entreprise de santé. Il doit comprendre très tôt qu’il a besoin de se former afin de prendre les bonnes décisions au bon moment, gérer son temps et celui de son équipe. Une gestion sereine est basée sur la reconnaissance et le respect des capacités de chaque membre de l’équipe, gage d’efficacité. Et la qualité de l’entente au sein du cabinet va influencer celle du traitement. Ce cercle vertueux permet de préserver son cabinet d’une épidémie de burn-out. Les investissements, les recrutements doivent aussi être anticipés. Il n’y a pas de doute, le cabinet dentaire fonctionne comme une TPE.
Aménager efficacement son cabinet
Adopter une attitude préventive au sein de son cabinet permet d’échapper à certaines souffrances professionnelles.
Il est nécessaire de réfléchir à l’agencement des différents espaces comme le secrétariat, une salle d’attente à proximité de l’entrée, mais aussi à une circulation aisée et logique des salles de soins suivant la chaîne de décontamination. Il s’agit également d’améliorer la posture pendant l’exécution des soins par le choix de matériel ergonomique adapté : fauteuil du patient, tabouret du praticien et de l’assistant(e), éclairage direct et indirect.
Se prémunir de l’incivilité des patients
Les patients sont assez souvent anxieux, stressés, limitant leur coopéraration. Apprendre à se protéger de patients mécontents, agressifs et savoir les réorienter est un enjeu stratégique pour éviter le mal-être d’un ou de plusieurs membres de l’équipe dentaire. Des formations existent afin d’apprendre à faire face à ces multiples situations complexes. Une séance de formation sera dédiée à ce sujet durant le Congrès 2023 de l'ADF : "Comment faire face à un patient agressif ? Comment gérer les patients difficiles ?". Une séance "Point de vue" d'1h30, sous la responsabilité scientifique du Dr Stéphanie Frison.
Garder une vie personnelle
L’un des enjeux majeurs pour éviter le burn-out est de concilier vie professionnelle et vie personnelle dans un bon équilibre des deux, avec chacune ses contraintes mais aussi et surtout ses sources de plaisir. Le soutien de son environnement familial et amical apporte résistance et protection face à l’épuisement. Une fois dans la sphère familiale ou sociale, il faut savoir ou apprendre à s’aérer l’esprit, mettre sa vie professionnelle à distance en se déconnectant des supports numériques notamment. La porosité inverse existe aussi, lorsque la vie professionnelle est envahie par la vie personnelle, la potentialité de se retrouver en burn-out est possible.
D’où l’importance de vivre pleinement chaque moment dans ses sphères respectives sans que l’une n’empiète sur l’autre.
Prévoir ses lendemains
Le chirurgien-dentiste néglige son bien-être personnel, sa propre santé, nie ses problèmes, s'automédique et se montre réticent à consulter. C'est le constat retenu par Marianne Ousset dans sa thèse sur la Prévention et prise en charge du burn-out chez le chirurgien-dentiste* publié en 2015. De plus, les professions libérales et indépendantes n'ont pas accès à la médecine du travail qui peut être un lieu d’échange et de repérage des premiers signes de mal-être. Il est d’autant plus difficile pour eux d'interrompre leur activité professionnelle pour raison de santé vu la difficulté de se faire remplacer, de continuer de soigner les patients, le risque de subir une perte de revenus non compensée.
Ainsi, le chirurgien-dentiste exerçant dans le secteur en libéral a tout intérêt à souscrire à un régime de prévoyance pour compenser cette perte de revenus en cas d'arrêt de travail. Prévoir son avenir et ses aléas est source de sérénité. Consultez les dossiers Prévoyance de l'ADF selon votre situation, ici
Sources :
*Prévention et prise en charge du burnout chez le chirurgien-dentiste. Marianne Ousset. Chirurgie. 2015. dumas-01128525 HAL.