Récompense pour la thèse du Dr Simon Girardin sur les zones sous-dotées

Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse sur les zones sous-dotées ?

Je suis originaire de la Meuse, une zone sous-dotée, où j’ai également construit l’ensemble de mon parcours professionnel. Comme de nombreux étudiants en dentaire, j’ai exercé en tant qu’assistant dans un cabinet local. Lors de mon stage de 6e année, au sein d’un service d’urgence, j’ai pu constater les défis majeurs liés à la prise en charge des urgences dentaires à l’échelle départementale et discuter des déserts médicaux en dentisterie avec les professeurs du service. En devenant collaborateur, j'ai décidé de m'installer définitivement dans cette zone, à Bar-le-Duc. Je vis donc au quotidien les enjeux liés aux zones sous-dotées. Le sujet de ma thèse a émergé au moment où une étude nationale, portée par la Conférence des doyens des facultés de chirurgie dentaire en 2021 et 2022, était menée. Celle-ci devait évaluer les choix d’installation des étudiants de 6e année et des internes, via un questionnaire. On m'a alors proposé de participer à l’élaboration de cette enquête, et c’est à partir de ce projet que j'ai construit mon sujet de thèse.

Comment l’enquête nationale a-t-elle alimenté votre sujet de thèse ?

Une des premières difficultés rencontrées pour mener l’enquête a été de définir précisément ce qu’est une zone sous-dotée. Il ne s’agissait pas simplement de demander aux étudiants : « Seriez-vous prêts à vous installer dans une zone sous-dotée ? », mais plutôt : « Quelles zones autour de vous sont sous-dotées en chirurgiens-dentistes et seriez-vous prêts à vous y installer ? ». Il a donc fallu identifier et cartographier ces zones autour des lieux de formation des étudiants, afin de leur fournir des informations claires pour répondre au questionnaire. Cette démarche a révélé l’existence de véritables déserts médicaux, aussi bien en milieu rural qu’en plein centre-ville, conduisant à des carences ou retards de prise en charge dans ces zones, touchant une large part des populations concernées. Dans le cadre de ma thèse, j’ai analysé les résultats pour trois régions : la Lorraine, la Bourgogne et la Franche-Comté, en y apportant mes connaissances personnelles, ce qui m’a permis de tirer des conclusions approfondies.

Quelles sont vos conclusions et les pistes proposées aux jeunes ?

Ma thèse recense les leviers importants pour motiver les jeunes à s’installer en zones sous-dotées, notamment les contrats d’aide à l’installation, élaborés par l’ARS en partenariat avec la CPAM. Ces contrats offrent des aides financières à l’installation et au maintien, ainsi que des exonérations fiscales dégressives et plafonnées, surtout en zones de revitalisation rurale. Un aspect central de mon travail concernait les maisons de santé pluriprofessionnelles (médecins, dentistes, infirmiers) qui fonctionnent bien. J’ai étudié des exemples locaux en Meuse, notamment une maison créée en 2006 qui est passée de 3 médecins à 47 professionnels de santé. J’ai détaillé dans ma thèse les étapes de création de ces structures, en identifiant avantages et inconvénients. L’enquête souligne aussi l’importance de l’attractivité des facteurs extra-professionnels : offre culturelle, loisirs, attache familiale. Le territoire doit valoriser ses atouts pour attirer les professionnels. En fin de compte, l’équilibre repose sur trois éléments : les professionnels motivés à s’investir, les besoins des patients, et l’appui des pouvoirs publics.