À la rencontre de … Marilyn Michel, assistante dentaire et chargée de mission à l’UFSBD
Publié le 30 janvier 2023.
Portraits de femmes engagées. L’ADF a choisi de mettre en avant les femmes qui s’engagent au quotidien au sein de notre profession. Découvrons leurs parcours, leurs originalités et leurs initiatives.
Marilyn Michel est sans nul doute l’assistante dentaire qui sait le mieux faire parler de son métier. Animée par la passion de la pratique au fauteuil et par la transmission de ses acquis, elle mène de front plusieurs activités, toutes en rapport avec l’assistanat dentaire. Conférencière au Congrès de l’ADF, chargée de mission à l’UFSBD, créatrice du Club assistante dentaire sur Facebook, présente sur tous les réseaux sociaux, elle distille avec ardeur les qualités requises de l’AD, son rôle au service de la qualité odontologique.
Quel est votre parcours jusqu’au métier d’assistante dentaire ?
S’il n’était pas une vocation première, ce métier l’est devenu "en croisant une assistante dentaire et Patrick Bonne, un chirurgien-dentiste, il y a une vingtaine d’années", lesquels ont repéré chez la jeune entrepreneuse, des qualités pour "faire une excellente AD". Alors après une première partie de vie plus marketing et des études en arts et lettres à Bordeaux, Marilyn Michel reprend ses études à 27 ans "pour changer de carrière" et concrétiser cette destinée. Formée à Libourne en Gironde auprès de chirurgiens-dentistes, elle s’est donnée les moyens d’y arriver "en écoutant des conférences, en suivant des formations, en lisant des articles. Je me souviens même de ma première conférence en tant qu’apprenante au Congrès de l’ADF, sur le sujet de la dimension psychologique de la bouche en paro, suivie avec ma praticienne. Je suis repartie avec un trésor". Elle avait compris tout l’intérêt de l’approche humaine et de la prévention dans ce métier. "Je suis ensuite passée de l’apprenante à la formatrice après 10 ans de carrière".
Quelle est votre vision du métier ?
"J’ai conscience d’avoir une vision singulière du métier d’assistant dentaire. Je n’ai jamais voulu être modélisée. J’ai gardé ma personnalité et je me sens éducatrice à la santé orale. Ma personnalité fait aussi mon identité d’AD ! lance-t-elle. Il ne faut pas oublier que nous sommes la première personne que voit le patient en entrant dans le cabinet. L’image du chirurgien-dentiste commence là", explicite Marilyn Michel. Le rôle de l’AD est aussi "la reformulation, une collaboration complémentaire au chirurgien-dentiste, car notre mission principale est de tout faire pour laisser au praticien du temps médical auprès du patient. Notre job : 2 cerveaux complémentaires et 4 mains"
Comment se met en place le binôme praticien/assistant dentaire au cabinet ?
"Le binôme praticien/assistant dentaire est difficile à former, car il s’agit de pouvoir réunir deux personnes au parcours de formation différent. Les AD bénéficient d’une formation alternante cabinet-centre de formation de 18 mois uniquement qui ne s’effectue pas au sein de l’université. Il faut aussi une association des tempéraments" ajoute-t-elle. Il ne s’agit "pas d’une question d’entente entre le praticien et son assistant. Il est nécessaire d’apprendre le plus tôt possible à se comprendre car finalement dans le quotidien, ils forment deux cerveaux complémentaires et quatre mains. Il faut savoir se parler et savoir s’écouter. Dans l’idéal, il me plait d’imaginer une partie de cursus commun assistant-praticien, où les thématiques de management, gestion, etc. seraient enseignées aux deux parties ! Ce qui n’est le cas ni pour l’un, ni pour l’autre en réalité …"
Le chirurgien-dentiste et l'assistant forment deux cerveaux complémentaires et quatre mains.
Pourquoi utiliser les réseaux sociaux pour parler de votre métier ?
"À l’époque de la création de ma page Facebook Club assistante dentaire il y a 12 ans, je trouvais dommage de n’avoir aucune communication sur le métier et surtout aucun lien direct avec des collègues," exprime-t-elle. "Alors j’ai eu l’idée de créer cette page qui est aujourd’hui un réseau de 90 000 lecteurs par semaine". Elle est un moyen "de parler de mon métier en toute légitimité puisque je continue à l’exercer au quotidien. Si les AD se sont reconnus sur cette page en France tout comme à l’étranger, c’est que je leur parle d’égale à égale, reconnait-elle. Leurs interrogations sont aussi mes interrogations, et leurs ambitions… les miennes aussi". Enfin, au-delà de parler du métier, son souhait est "de relier les AD entre eux et d’être inspirante pour les jeunes générations".
Quel avenir pour la profession ?
L’évolution du métier d’AD marque un tournant. L’État l’a annoncé par la voix de son ministre de la Santé, François Braun, lors de la soirée d’inauguration du Congrès de l’ADF le 22 novembre 2022, où il a manifesté le soutien du Gouvernement à la proposition de loi sur la création de l’assistant dentaire de niveau 2. La proposition de loi portée par la députée Stéphanie Rist est passée, votée à l’Assemblée nationale le 19 janvier dernier. "L’État va ainsi permettre aux AD d’évoluer dans leur pratique, et de donner aussi une perspective d’évolution professionnelle. C'est un nouveau métier, il faut donc s’attendre à quelque chose de dissemblable", indique Marilyn Michel. "Par effet rebond, il y aura sans doute plus de vocations à devenir assistant, puis par la suite à monter en compétences vers le niveau supérieur… il faut attirer et rendre plus attrayant le métier car il manque actuellement beaucoup de monde de part et d’autre de la chaîne de soins".
Quels sont les thèmes de formation qui manquent à la profession ?
"Il y a plusieurs items non abordés durant notre cursus, comme des formations sur la prise en charge des personnes à mobilité réduite, ou patients à besoins spécifiques par exemple", évoque-t-elle. Depuis 2019, Marilyn Michel est aussi chargée de mission équipe dentaire pour l’UFSBD, et dans ses missions de formatrice, elle essaie, pas à pas, d’investir des thèmes qui n’ont pas été traités durant la formation initiale. Au travers des conférences ADF, elle aborde ce que les assistants dentaires lui confient avoir besoin tel que : conflit, travail en équipe, et aussi législation avec le dossier patient. "Je suis toujours très enthousiaste à l’idée de partager les belles valeurs du métier AD... d’ailleurs depuis 2 ans, je l’aborde aussi avec des étudiants dentaires en 6e année lors de séminaires à la fac. Je n’ai pas encore fini avec ce métier car j’ai encore beaucoup de projets et d’idées, et tout est à construire demain… "